Nury Martínez – La Vía Campesina (FENSUAGRO, Colombie)
Terres, forêts, eau et territoires
La construction des démocraties s’efface au profit d’États totalitaires et répressifs, tandis que les entreprises fusionnent pour créer des mégafusions et contrôler l’ensemble de la chaîne alimentaire et sa production.
À propos du Groupe de travail
Qu’est-ce que le Groupe de travail du CIP+ sur les Terres, les forêts, l’eau et le territoire ?
Le Groupe de travail (GT) est un espace de lutte, d’articulation et de convergence des mouvements sociaux et des organisations de peuples autochtones, pour défendre nos territoires et promouvoir nos droits à la terre et au territoire. Les membres sont les organisations membres du CIP, mais les organisations de soutien y participent également.
Le GT dispose d’une équipe de coordination, composée de coordinateurs.trices politiques (mouvements sociaux et peuples autochtones) et de facilitateurs.trices techniques (organisations de soutien). Actuellement, La Via Campesina et le Conseil international des traités indiens (CITI) agissent en tant que coordinateurs politiques, tandis que FIAN International assure la facilitation du groupe.
Le GT organise des réunions internationales et régionales en fonction de ses besoins et participe aux assemblées du CIP.
Le GT s’articule également avec les structures régionales du CIP.
Coordination du GT
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Saúl Vicente Vázquez – Conseil international des traités indiens (Unidad de la Fuerza Indígena, Mexique)
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Facilitation du GT
Philip Seufert – FIAN International
Quelles perspectives s’offrent à nous? Les Directives sur le foncier, Crédits: CIP/FIAN International
Que faisons-nous?
Les activités du GT sont multiples, et suivent les lignes d’action suivantes :
Discussion et articulation des positions et des propositions
Nous analysons de manière critique les dynamiques et les mécanismes avec lesquels le capital et la politique mondialisés cherchent à reconfigurer nos territoires en lieux de profit et de revenu pour les classes capitalistes de la planète. En même temps, nous élaborons des propositions concrètes sur la manière d’assurer une gouvernance populaire des territoires, fondée sur la souveraineté alimentaire, les droits humains et la justice sociale.
Articulation face aux espaces de plaidoyer
Nous coordonnons les actions de plaidoyer que nous menons dans les espaces internationaux que nous considérons comme légitimes. Nous dénonçons ce qui se passe sur nos territoires et nous nous opposons aux règles et aux politiques qui violent nos droits. En même temps, nous apportons nos propositions pour faire avancer nos luttes pour le droit des communautés et des peuples à leurs terres et territoires. De cette manière, nous faisons entendre la voix des communautés dans les espaces internationaux.Le GT a coordonné, par exemple, la participation des mouvements sociaux et des peuples autochtones au processus d’élaboration et de mise en œuvre des Directives volontaires sur la gouvernance responsable des régimes fonciers, des pêches et des forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.
Apprentissage et formation mutuelle
Le GT est un espace où les organisations partagent leurs stratégies et leurs luttes pour le territoire au niveau local, national et régional, créant ainsi un lieu d’échange d’expériences et d’apprentissage mutuel. En outre, le GT apporte un soutien aux organisations de base pour s’approprier les outils internationaux existants (conventions, traités, directives, etc.) qui peuvent renforcer les luttes dans les territoires. Dans ce sens, le GT développe des matériels de pédagogie populaire, tels que le Manuel populaire sur les Directives sur le foncier.
Soutien aux luttes dans les territoires et aux défenseurs des droits humains
Le GT est également un espace de visibilité et de soutien aux luttes et actions directes des organisations dans les territoires, par le biais de lettres de soutien et de dénonciations en cas de violation des droits. Dans un contexte où la violence contre les défenseurs des droits humains et la criminalisation des luttes sociales sont de plus en plus aiguës, le GT met un accent particulier sur le soutien aux femmes et aux hommes qui défendent les droits humains dans le monde entier.
Histoire du Groupe
L’histoire de l’humanité est la lutte et la défense de la Terre Mère. Aujourd’hui, nous sommes confronté.e.s au non-respect et à la violation des droits humains, collectifs et territoriaux. La construction des démocraties s’estompe pour faire place à des États totalitaires et répressifs, les entreprises fusionnent pour créer des méga-fusions et contrôler l’ensemble de la chaîne alimentaire et sa production.
Les guerres ont toujours existé, mais aujourd’hui elles sont menées pour obtenir des ressources naturelles, pour privatiser l’eau, les côtes, les rivières, les mers, les forêts et, au sein des forêts, la diversité culturelle et biologique et des communautés entières. Les guerres ont causé des millions de morts, mais aussi des millions d’esclaves, des millions de personnes déplacées de leurs territoires, des centaines de milliers d’immigrant.e.s quittant le Moyen-Orient et l’Afrique pour l’Europe, des milliers d’autres se dirigeant vers la frontière entre le Mexique et les États-Unis, vivant dans l’indifférence, le racisme, la marginalisation et l’exclusion.
La génération suivante ne rencontrera peut-être jamais de paysan.e.s ou de semences autochtones et vivra déplacée de ses terres ou de ses territoires ancestraux. Il existe des dynamiques interdépendantes, la dématérialisation, la numérisation et le capitalisme clandestin qui modifient la nature des échanges et des marchés. Le numérique nous enveloppe de mondes fascinants et de mirages, et comme un grand paradoxe et une contradiction historique, il donne du pouvoir au féminisme, aux classes ouvrières et aux immigré.e.s.
Mais dans cette lutte pour la vie, l’eau et le territoire, les communautés, les mythes, la spiritualité, le chant aux graines, l’étreinte d’un arbre, les arbres et la demande de permission aux plantes médicinales pour soigner les maux, l’écoute du silence des rochers ou du flux de l’eau étaient toujours présents. Le territoire est un espace de vie, un espace pour les générations futures. C’est un territoire vital de communication de tout l’écosystème, spirituel et terrestre, c’est là que nous aimons, dansons, écoutons les voix anciennes de nos ancêtres et semons nos proches.
Le Groupe de travail peut être considéré comme un lieu sacré où se rencontrent les visions des cultures, les visions du monde des peuples et des mouvements sociaux, l’échange d’informations, la planification du travail, les campagnes mondiales et régionales, la défense politique au sein de nos gouvernements et institutions dans le but de faire respecter les droits de la Terre mère, les droits territoriaux, la vie. Sur le territoire, nous définissons nos structures politiques, notre vie, nos rêves et notre résistance. Suivi des processus d’accaparement de terres, mais aussi défense et échange d’expériences, sur la base des instruments des droits humains et du droit à l’alimentation et à la dignité des personnes.
Le Groupe de travail sur la terre a été officiellement créé à la suite du Sommet mondial de l’alimentation qui s’est tenu à Rome en 1996, où le Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire a été formé et où, parmi ses principes et axes de travail, figuraient l’accès à la terre, aux ressources, la construction d’alliances, de nouvelles visions, la redéfinition de concepts allant de la lutte pour la souveraineté alimentaire, la réforme agraire populaire et intégrale, au féminisme paysan et populaire pour réaffirmer les cosmovisions des peuples autochtones, des paysan.ne.s, des pasteurs et des pêcheurs artisanaux.
Le Groupe de travail a contribué à l’élaboration d’un nouvel instrument international, les Directives sur le foncier, approuvées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Nations Unies (CSA). Il planifie la mise en œuvre des directives foncières aux niveaux mondial, régional, national et local. Lors de la dernière Assemblée générale du CIP en Afrique du Sud en 2018, le Groupe de travail sur la terre a changé de nom pour devenir le Groupe de travail sur la terre, les forêts, l’eau et le territoire.
Thématiques principales
L’autonomie et l’auto-organisation des mouvements sociaux et des organisations de peuples autochtones en tant qu’organisations représentant les détenteurs.trices de droits ;
La formulation et l’articulation de nos positions politiques avec notre propre voix, et sans intermédiaire ;
La représentation des différents secteurs des producteurs.trices de denrées alimentaires ;
Le respect et la promotion des droits des femmes ;
La représentation des différentes régions du monde ;
La représentation des jeunes.